J’ai découvert le café Joyeux grâce à un article du mensuel L’ 1nvisible, un journal catholique qui parle de l’actualité chrétienne en France.
Le café Joyeux applique les valeurs de l’ Évangile en employant des salariés porteurs de handicaps mentaux ou cognitifs.
J’aime beaucoup les coffee shops pour leur ambiance feutrée, leur décoration soignée. J’enviais les Strasbourgeois pour leur café Oh my godness et j’étais un peu triste de la disparition de Costa coffee,rue Rambuteau, mon adresse favorite à Paris.
Je suis donc ravie de l’implantation du café Joyeux, passage Choiseul, qui se trouve sur mon trajet quotidien pour aller travailler à la librairie.
C’est un très joli lieu, la décoration est un critère essentiel pour moi, c’est très lumineux et ce café propose plein de bonnes choses qui donnent faim.
Cet endroit maîtrise tous les codes du coffee shop haut de gamme avec le petit plus qui fait toute la différence : le lien social.
Un vendredi de juin, vers 15 heures au Café Joyeux, passage Choiseul.
J’ai été accueillie par trois personnes derrière le comptoir : une jeune femme qui préparait les plateaux, un serveur et une caissière.
La caissière a pris le temps de discuter avec moi un minimum, m’inviter à la soirée du handicap sur le parvis de Notre Dame de Paris. Cela fait du bien !
Je suis rentrée dans ce café, pétrie de mes bons sentiments, bien résolue à ne pas me comporter en Parisienne pressée et exigeante (quand on veut jouer la montre). Et j’ai reçu un accueil très professionnel mais aussi authentique.
Pendant mes études, j’avais travaillé deux mois dans une chaîne de restauration rapide à la française. C’était tout sauf une ambiance bienveillante : il fallait que ça aille vite, les managers n’étaient pas forcément aimables avec nous car leurs conditions de travail n’étaient pas bien meilleurs que les nôtres.
Au café Joyeux, c’est l’humain qui prime, c’est d’ailleurs ce qui est revendiqué à travers leur logo et leur slogan : servi avec le cœur. L’ambiance y est sereine, pas besoin de musique d’ambiance, on s’ y sent à l’aise. Il y a un étage, c’est l’endroit idéal pour donner rendez-vous à ses amis autour d’un délicieux cheese-cake.
L’étage donne sur leur cuisine toute ouverte, on voit les cuisiniers travailler sous la direction bienveillante et encourageante de leur responsable de cuisine qui leur explique avec beaucoup de patience et de pédagogie chaque recette. Les horaires de travail sont adaptés en fonction du handicap et des capacités de chacun.
Ce ne sont pas les employés handicapés qui sont inaptes au travail, ce sont les structures de travail plus traditionnelles qui ne prennent pas en considération le handicap. Comme le souligne le fondateur Yvan Bucaille : « tout est une question d’organisation ».
« On devient fort quand on prend conscience de sa vulnérabilité »
Ensuite, j’ai voulu regarder tous les reportages qui ont traité de l’ouverture du café Joyeux, le 21 mars dernier, jour de la journée nationale de la trisomie 21 en présence de Mme Brigitte Macron et de la sous secrétaire d’Etat aux personnes handicapées Mme Laurence Vidal.
J’ai beaucoup aimé celui de 13h15 sur France 2 où l’on voit toute la genèse du projet avec les entretiens d’embauche, les réactions de leurs parents… C’était vraiment émouvant. Je pense que cela doit leur apporter de l’espérance de savoir que des structures donnent un travail à leurs enfants différents mais tout aussi capables.
En face de la vitrine, les livres ont aussi leur place au café Joyeux. Ce sont des beaux livres sur le café mais aussi des essais sur le handicap, l’autisme…
J’ai repéré une BD que je connais : La différence invisible, un roman graphique autobiographique d’une jeune femme qui est autiste Asperger. Cette BD fera l’objet d’une chronique sur le blog Le bal littéraire des sardines.
Cela me rappelle une BD que j’ai beaucoup aimé Ce n’est pas toi que j’attendais de Fabien Toulmé, l’histoire d’un couple qui s’inquiète pour l’avenir de leur petite fille trisomique.
Le 14 mars 2017, une jeune trisomique Mélanie Ségard présentait la météo sur France 2 avec un prompteur, une performance tout à fait louable.
Mais c’était un rêve d’un jour, quid de l’insertion professionnelle des jeunes adultes handicapés mentaux qui ont la vie devant eux et des compétences à apporter sur le marché du travail?
Je vous recommande cette adresse si vous cherchez un coffee-shop qui a du sens. On ne peut pas trouver adresse plus centrale, les gâteaux sont délicieux et vous contribuez à l’emploi de jeunes adultes différents !
Ces deux cafés à Rennes et Paris sont financés par la fondation Émeraude solidaire. On se doute du prix des loyers commerciaux à deux pas de l’Opéra Garnier, alors soutenir ce genre d’initiative permet de faire perdurer l’emploi de jeunes handicapés et pourquoi pas d’essaimer de nombreux autres cafés Joyeux dans d’autres villes françaises.
Café Joyeux, 23 rue Saint-Augustin, Passage Choiseul, du mardi au samedi de 9h à 18 heures.